Valentine Poisson
Valentine Poisson
8 février 2019
Temps de lecture : 5 min

CHINE : 12 pratiques professionnelles à imiter… Ou pas !

Nous nous étions amusés l’été dernier à nous étonner de certaines pratiques insolites du monde professionnel nippon… Cette semaine, c’est le nouvel an chinois : le chien laisse place au cochon dans une explosion de feux d’artifices, de défilés et autres célébrations organisées à Beijing, Shanghai… et ailleurs dans le monde, comme à Paris ! L’occasion était trop belle de recenser quelques étrangetés made in China… Et de fait, la Terre du Milieu a de quoi nous surprendre !

 

1- Des punitions très particulières pour stimuler la motivation…

Le rapport à la hiérarchie est une variable très culturelle. Mais au-delà d’un certain respect aux puissants, certains chefs d’entreprise chinois poussent le bouchon un peu trop loin en rivalisant de créativité pour punir celles et ceux qui auraient le malheur de faillir à leurs objectifs : entre les violences physiques (coups de fouet) et les humiliations (contraints de boire leur urine, marcher à quatre pattes dans la rue, manger des vers), les maltraitances sont soi-disant envisagées comme une méthode de motivation. Sans étonnement, ces vidéos ont provoqué des tollés sur les réseaux sociaux chinois.

2- Et des cheerleaders pour stimuler la créativité !

Alerte stéréotypes genrés pouvant heurter la sensibilité des plus jeunes et des personnes non averties… Les sociétés internet chinoises seraient pleines de zhai, ces programmeurs masculins stressés et éprouvant des difficultés à sociabiliser (l’équivalent de nos nerds en France). Quoi de mieux donc que d’embaucher des cheerleaders pour booster leur efficacité ? Mi-psy, mi-pompomgirls, ces charmantes « programmer motivators » ont le vent en poupe pour bavarder avec les employés ou leur procurer des massages relaxants !

3 – Les faux magasins

On ne vous parle pas ici des faux sacs Gucci et des paires de Nike vendues à la sauvette sur les marchés d’Istanbul ou de Barbès… Ça, c’est encore gentil. Non non, ici en Chine, ce sont carrément les enseignes en dur qui sont contrefaites ! Et la pratique n’est pas anecdotique : c’est une véritable tendance de fonds. On boit son café au BucksStar Coffee, on va manger ses nuggets au KLC et on achète ses fringues chez Prapa ou chez Dolce&Banana !

4 – Un robot pour présenter le journal télé

L’intelligence artificielle a de beaux jours devant elle… Depuis novembre 2018, l’agence Chine Nouvelle s’est dotée d’un collaborateur un peu particulier : un présentateur télé robot ! Une première mondiale, bien qu’il ne s’agisse pas à proprement parler d’une intelligence artificielle. Suivre un prompteur, parler anglais et lancer des vidéos passent encore, mais le présentateur virtuel n’est pas encore en mesure de prendre des décisions par lui-même. Toujours est-il qu’avec son zèle inhumain qui lui permet de tenir le desk 24 heures sur 24, il s’apparente à un travailleur plus que modèle… Jusqu’au moment de réaliser que les IA sont elles aussi touchées par les RPS.

5 – Un management militaire

Quand on vous parlait du rapport hiérarchique en Chine… Les collaborateurs chinois ne sont pas moins intelligents qu’ailleurs, cela va de soi. Mais la culture d’une éducation stricte induit une attente de consignes très claires. Aussi dans beaucoup d’entreprises chinoises, il est coutume de réunir quotidiennement l’ensemble de ses salariés en rang d’oignons (parfois même dans la rue) pour leur faire répéter haut et fort les valeurs de l’entreprise et les objectifs de la journée. Allez, tous en cœur : « Le client est roi, le service doit être rapide et humble… ». Cela fait, la journée de travail peut commencer !

6 – Des amendes aux employés qui ne marchent pas assez

Ayant très à cœur la santé de ses salariés, une société immobilière chinoise implantée dans la ville de Guangzhou a mis en place un indicateur de performance un peu particulier (et elle n’est apparemment pas la seule). En effet, les salariés sont mis à l’amende lorsqu’ils ne respectent pas leur quota de 6 000 pas quotidiens ! Une réglementation interne quelque peu contraignante d’après « Little C », qui « comprend que l’entreprise veuille nous encourager à faire plus d’exercice, mais je n’ai désormais plus assez de temps pour dormir parce que je dois faire des promenades pour remplir l’objectif ». Alors, quand est-ce qu’on dort ?

7 – La sieste, OBLIGATOIRE !

On dort au travail, pardi !!! Travaillant jusqu’à 10 heures par jour (parfois plus), les Chinois (comme les Japonais) ont pour habitude de pratiquer la sieste après le déjeuner. Celle-ci permet de faire une vraie coupure et de reprendre une nouvelle journée dès l’après-midi. Une vraie bonne pratique à imiter : d’après la NASA, elle augmenterait la productivité de 35% !

À noter qu’ici en Chine, la sieste est vraiment un sport national. Pour preuve : pour ne pas affecter l’expérience des clients conventionnels, le géant suédois de l’ameublement IKEA a du introduire de nouvelles règles interdisant aux visiteurs de dormir sur les canapés et les lits… D’autant que certaines personnes n’hésitaient pas à enlever leurs pompes pour roupiller, histoire de se mettre à l’aise ! #UX

8 – « No zob in job »

Toujours à Guangzhou, une compagnie internet a mis en place une politique relationnelle très stricte : les hommes qui sont employés depuis moins d’un an n’ont pas le droit de sortir avec une collègue. Même topo pour les femmes employées depuis moins de trois mois. Et si jamais elles trouvent un chéri en dehors de la compagnie, il leur faut demander l’aval de leur ligne managériale chargée de s’assurer que le prétendant est convenable. Ça continue : les employés hommes de moins de 25 ans n’ont pas du tout le droit de sortir avec une collègue. Mais si le salaire de la personne dépasse les 15 000 yuans par mois (1 950€), elle est exemptée de toutes ces règles (faut pas déconner !).

9 – Un uniforme un peu spécial…

Ce n’est pas de la science-fiction : d’après le South China Morning Post, certains salariés sont équipés d’un casque doté de capteurs sensoriels à même de reporter leur activité cérébrale. Ces données sont ensuite utilisées par le management pour détecter les signes avant-coureurs d’un burn-out comme la dépression, l’anxiété ou la colère et ajuster le rythme de production. La technologie serait ainsi répandue sur les lignes de production, dans les transports publics, les entreprises d’État et chez les militaires. Si l’intention de prêter attention aux RPS est fort louable, il semblerait que le procédé ne soit pas très RGPD compatible.

10 – Porter des masques pour ne pas perdre la face

Toujours pour lutter contre le stress, certaines entreprises proposent à leurs salariés de porter des masques de Guy Fawkes ou de Chihiro une fois par semaine. Quel rapport ? Il s’agit en fait d’un moyen permettant de s’abstraire de la pression aux apparences, très forte en Chine. Ainsi paré, plus besoin de sourire hypocritement au collège que l’on déteste !

11 – La négociation, partie 1 : le thé

En France, on a tendance à négocier en mangeant. En Chine, c’est un peu différent. La négociation s’opère en deux temps : d’abord, le thé. Le boss a généralement un bureau entièrement dédié à la boisson millénaire, où il reçoit ses clients, partenaires et fournisseurs. On commence donc à négocier en préparant et en buvant le thé, raffiné de préférence, autour d’une belle table en bois.

12 – La négociation, partie 2 : la biture !

Puis vient la phase 2 de la négo, qui se passe au resto : on mange (bruyamment de préférence !), et surtout, on entérine le deal en trinquant au bái jiǔ (白酒, à prononcer « baïjio »), l’alcool de riz blanc. Attention, ça ne rigole pas : Maotai, la marque la plus connue, peut atteindre les 60% (les Polonais font office de petits joueurs à côté, avec une vodka dosée en moyenne à 40%) ! Un conseil donc : ne jamais, jamais, jamais tenter de mettre au défi son client/fournisseur chinois pour le coucher à l’alcool… Du reste, il suffit de savoir dire 干杯 (gān bēi, santé) !

Valentine Poisson

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