Valentine Poisson
Valentine Poisson
8 octobre 2019
Temps de lecture : 4 min

8 street-arts pour les droits des femmes !

Dans « street-art », il y a « art ». Et l’art, comme dirait le peintre Paul Klee, « ne reproduit pas le visible, il rend visible ». Rendre visible l’égalité femmes-hommes en mettant le sujet à l’agenda chaque 8 du mois, telle est l’ambition de notre programme 8. Ce mois-ci, on vous propose une petite exploration artistique.  

« Malala Yousafzai » par Highero

En se promenant dans le quartier de Kadiköy, sur la rive asiatique d’Istanbul en Turquie, on peut admirer cette fresque magnifique de l’artiste turque Highero représentant Malala Yousafzai. Sur le hijab de la jeune militante pakistanaise des droits des femmes à l’éducation et Nobel de la paix est écrit : « Un·e enfant, un·e professeur, un livre et un stylo peuvent changer le monde ».

« #Youareanaturalleader » par la LADE

Le Liban n’est pas réputé pour son exemplarité en matière d’égalité femmes-hommes, notamment sur le champs politique : en 2018 le Forum économique mondial classe le pays du Cèdre dans les 4 pays les moins performants en empowerment politique des femmes, avec le Koweït, Oman et le Yémen. Pour changer la donne, l’Association libanaise pour des élections démocratiques (LADE) s’est associée avec l’ONG Ahla Fawda dans la réalisation d’une immense fresque murale représentant une femme forte, le regard portant au loin et le mégaphone à la main. Cette représentation, située dans le quartier historique d’Hamra à Beyrouth, vise à faire évoluer les rôles de genre dans la société et à inspirer les Libanaises à investir le politique en révélant leur potentiel de leadership.

« Aequalitas » par Faith47

Cette œuvre a été réalisée à New York en 2019 par l’artiste sud-africaine Faith47 à l’occasion du centenaire de l’Organisation internationale du travail (OIT) qui a fait de l’égalité femmes-hommes un de ses principaux objectifs.

street-art

« Simone Veil » par C215

Le street artiste français Christian Guémy, alias C215, a réalisé à la commande de la mairie du XIIIe arrondissement de Paris un quadruple portrait de Simone Veil à l’occasion de son entrée au Panthéon en juillet 2018. Celle à qui l’on doit la loi du 17 janvier 1975 relative à l’interruption volontaire de grossesse est ainsi représentée à quatre âges de sa vie sur les deux boîtes aux lettres attenantes à la mairie parisienne. L’œuvre a fait l’actualité en février 2019, provoquant une indignation générale lorsqu’elle fut vandalisée par des inscriptions de croix gammées. Un acte odieux que l’artiste, choqué, s’est empressé de réparer.

 

“Women’s rights are Human rights” par Panmela Castro

Panmela Castro est une artiste brésilienne, féministe engagée qui a notamment été nominée en 2013 par le Forum économique mondial comme jeune leader mondiale. De fait, on peut retrouver ses œuvres dans plus de 20 pays à travers le globe. Celle-ci défend l’idée, que nous partageons, selon laquelle l’égalité ne procède pas des droits des femmes mais du droit tout court. Elle est localisée dans le Lower East Side à New York, aux États-Unis.

« My outfit is not an invitation » par Tatyana Fazlalizadeh

Exacerbée par le harcèlement de rue, l’artiste américaine Tatyana Fazlalizadeh a décidé de s’adresser précisément à la rue à travers son projet « Stop telling women to smile », réunissant une douzaine d’affiches aux slogans sans équivoque traduits dans différentes langues (« harassing women does not prove your masculinity », « avant d’être une femme, je suis un être humain », « yo merezco ser respetada ») et placardés à New York, Paris et Mexico.

« My outfit is not an invitation » (ma tenue n’est pas une invitation) rappelle ainsi que l’on a trop vite fait de rebasculer sur les femmes la responsabilité des agressions dont elles sont victimes. Comme ce député malaisien qui en juillet 2019 proposait une loi sur le harcèlement destinée à protéger les hommes « séduits au point de pouvoir commettre des actes tels que l’inceste, un viol une agression sexuelle… »

« Reciprocidad » (Reciprocité) par Hyuro

Cette fresque, qui embellit un des murs de Madrid, en Espagne, a été réalisée en 2015 par la graffeuse argentine Tamara Djurovik aka Hyuro. Les portraits de cette artiste sont majoritairement dénués de visage pour représenter des concepts qui n’en ont pas, ou qui justement en ont une multitude. Éducation, immigration, diversité sociale et surtout cause féminine sont ses fers de bataille, comme dans cette œuvre intitulée « reciprocidad » (réciprocité). Hyuro a souhaité « subvertir la logique manichéenne qui favorise toujours un genre sur un autre, en essayant de parler depuis l’intérieur et l’extérieur du système en n’investissant pas l’asymétrie traditionnelle du système qui est critiqué ».

« Aux terrasses de la vie l’éclat de notre furieuse liberté » par Miss.Tic

Miss.Tic est une des pionnières du street art français et de la technique du pochoir. Elle dépeint des femmes sur les murs parisiens (notamment dans les quartiers de Montmartre, Ménilmontant, du Marais ou encore de la Butte-aux-Cailles) en (se) jouant souvent des stéréotypes de la « femme objet » et en accolant des phrases poétiques de son cru qui donnent à réfléchir les conditions de l’évolution de la féminité à l’ère de la modernité.

Valentine Poisson

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