Marie Donzel
Marie Donzel
20 novembre 2019
Temps de lecture : 2 min

C’est quoi l’intersectionnalité ?

La question de la diversité dans le monde professionnel a originellement été pensée par « critères » : le genre, l’origine réelle ou supposée, la situation de handicap, l’âge, l’orientation sexuelle… Mais quid de « la lesbienne noire de 55 ans en fauteuil roulant ? », se demande-t-on ? Pour acide qu’elle soit dans sa formulation, la question soulève un vrai problème de fond : pour qui sont faites des politiques d’égalité qui segmentent, voire opposent les identités ?

Cette problématique a été instruite au tournant des années 1990 par l’universitaire afroféministe Kimberlé Crenshaw à qui l’on doit le terme d’intersectionnalité. Faisant le constat que d’un côté le mouvement des droits civiques laissait largement de côté l’empowerment des femmes jusqu’en son propre son sein et que de l’autre, le féminisme américain de l’époque s’intéressait prioritairement à l’expérience des femmes blanches de la classe moyenne, elle a étudié les effets sur les Afro-Américaines du sexisme et du racisme cumulés… Et de mettre en évidence que lorsqu’une personne est plusieurs fois discriminée en raison de différents marqueurs de son identité, les effets sur sa condition ne s’additionnent pas mais se multiplient pour la surexposer aux risques de précarisation, d’injustices et de violences.

Alors, il faut, nous dit Crenshaw, sortir de la stricte logique des critères de discrimination isolables les uns des autres pour penser les dynamiques qui sont au croisement des systèmes d’exclusion, d’invisibilisation et de plafond de verre. La prise en compte de l’intersectionnalité est au cœur de la culture de l’inclusion : c’est en reconnaissant l’identité plurielle de chaque individu singulier que l’on peut bâtir des politiques de mixité et d’équité ne laissant personne dans les angles morts.

Marie Donzel

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