Marie Donzel Valentine Poisson
Marie Donzel
Marie Donzel
Valentine Poisson
Valentine Poisson
Les auteurs.es
9 janvier 2019
Temps de lecture : 3 min

Voulez-vous VRAIMENT tenir vos bonnes résolutions ?

Arrêter de fumer, manger plus sainement, rédiger toutes ses cartes de vœux, mieux respecter les deadlines de ses projets… Autant de « bonnes » résolutions qui trop souvent, finissent quinze jours plus tard en eau de boudin. Avec en prime, un solide sentiment de culpabilité.

Souvent en effet, les bonnes résolutions ne permettent pas de produire des « solutions », c’est-à-dire des changements durables. Au moins quatre raisons à cela :

1- Une définition approximative, voire à côté de la plaque, de l’objectif

Comme lorsqu’il s’agit de s’affranchir d’un environnement toxique, on voudrait des solutions rapides, qui ne demandent pas ou peu d’efforts. Et pour s’aider, on donne de la solennité à un évènement extérieur (le changement d’année) pour prodiguer une fausse conviction à un élan qui se doit d’être intérieur.

À la différence d’une résolution, un objectif se pose n’importe quand, dès lors que nous sommes dans une optique d’accueillir (vraiment) le changement.

2- Une pression sociale et/ou morale qui produit de la culpabilité

Les résolutions nourrissent nos culpabilités : elles créent en nous de la frustration parce que nous nous obligeons à faire des choses qui ne répondent pas à nos réelles motivations. De fait, tant que l’on reste cantonné au registre des « il faut » et des « je dois », notre système de vision ne change pas, et toute prétention de changer la donne sera vaine.

Le problème, ce n’est pas le changement qu’appellent les résolutions, mais l’état d’esprit dans lequel nous les envisageons. On peut se voiler la face et se forcer tant bien que mal à se nourrir de soupe aux choux pour maigrir, tant que le régime sera perçu comme une contrainte et non une volonté interne, nous résisterons au changement.

Les « bonnes » résolutions sont ainsi en réalité des injonctions déguisées, projections d’un soi idéal fantasmé. On prétend vouloir atteindre cette perfection pour donner une belle image à l’extérieur, mais sans y aspirer intimement. C’est comme quand nous étions à l’école : nous sommes censés travailler dur en pensant à notre avenir, mais dans la réalité des choses, il s’agit plutôt de faire plaisir à ses parents et à ses profs.

3 – Une pensée magique qui nous fait croire que vouloir, c’est pouvoir

Comment, le seul fait de désirer quelque chose ne suffit pas à l’obtenir ? Cette idée qui peut paraître évidente ne l’est en fait pas toujours. Nous pouvons, en étant bien au clair sur ce que l’on veut, nous imaginer que le désir et l’incantation suffisent à produire de la réalité. Selon Freud, ce délire de toute puissance est une manière de faire face aux angoisses et à la frustration d’un monde qui n’est pas conforme à l’idée que nous nous en faisons.

4 – Un environnement qui ne permet pas toujours la réalisation des résolutions

Nous sous-estimons trop souvent l’importance des conditions extérieures pour nous permettre de mettre en œuvre nos résolutions. Tout ne repose pas en effet sur la seule volonté de l’individu, faut-il encore que son environnement soit encourageant. Le changement (le vrai !) demande un certain nombre de ressources pour faire face aux efforts qu’il induit. Il est donc nécessaire de bénéficier d’une forme de soutien social et d’un contexte propice au déploiement de ces efforts.

Quelques clés pour de « vrais » changements :

Mais alors, comment se donner les moyens de ses ambitions, lorsque celles-ci sont réelles et motivées ? Voici quelques pistes :

  1. Dissocier les injonctions extérieures de ses motivations profondes, et ne retenir que ces dernières ;
  2. Se fixer des objectifs atteignables en délaissant ceux qui sont déraisonnables ;
  3. Planifier de façon réaliste et « optimaliste» son programme de mise en œuvre et prévoir un suivi concret (comme les croix à tracer sur le calendrier pour suivre sa progression) ;
  4. Se récompenser de ses efforts, sans les compenser : si l’on arrête de fumer par exemple, s’offrir un beau cadeau à la fin du mois avec les économies réalisées ;
  5. Ne pas se décourager ni culpabiliser en cas d’écart… Sachez que pour les spécialistes des addictions, et notamment Prochaska et Di Clemente à l’origine du modèle transthéorique du changement, la « rechute » fait partie du process de transformation des habitudes. On a trébuché, ça arrive… Allez hop, on remonte en selle !
  6. Favoriser un environnement encourageant et solidaire, en n’hésitant pas par exemple à communiquer ses objectifs autour de soi pour trouver le soutien nécessaire lorsque notre esprit de persévérance est mis à rude épreuve.

Enfin, puisse cet enseignement de Winston Churchill vous inspirer : « Le succès n’est pas final, l’échec n’est pas fatal, c’est le courage de continuer qui compte » !

Marie Donzel & Valentine Poisson

Photographie : Ross Findon

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