Charlotte Ringrave Julien Ohana
Charlotte Ringrave
Charlotte Ringrave
Julien Ohana
Julien Ohana
Les auteurs.es
25 novembre 2022
Temps de lecture : 3 min

Pour naviguer dans les torrents, hissez les voiles de la coopération !

Photo de Jon Tyson

S’améliorer et continuer de se développer
« différemment ».

D’un point de vue économique, Gilles Paquet définit la résilience comme « la capacité de retomber sur ses pieds, de garder le cap, d‘assurer la pérennité d‘un organisme ou d‘une société, le maintien d‘une certaine permanence dans un environnement turbulent ». Il faut bien avouer que nos organisations sont des écosystèmes constamment traversés par des crises et des transformations ! Celles-ci conduisent d’ailleurs régulièrement à des pertes de repères et de sens qui n’épargnent pas les identités. Il arrive même parfois que le changement soit tellement important qu’il est assimilé aux traumatismes qui peuvent briser un individu. L’organisation résiliente doit alors se créer un nouveau chemin tout en gardant en mémoire le souvenir du choc qu’elle a subi. C’est cela que nous appelons la « résilience organisationnelle », c’est-à-dire « la capacité d’un système à surmonter une épreuve, se maintenir ou rétablir un niveau de fonctionnement acceptable malgré des perturbations ou des défaillances ».

Comme pour l’individu, la résilience organisationnelle n’est pas un état, mais un processus qui exige de répondre aux questions suivantes : qui sommes-nous ? d’où vient-on ? Pourquoi ? Où veut-on aller ? Par quel chemin ?
La résilience dépend donc de facteurs essentiels comme la stabilité accordée aux valeurs fondamentales et la congruence et la fiabilité des décisions qui constituent le tissu narratif permettant de mettre en mouvement les collectifs.

Faire preuve de résilience implique donc de savoir prendre la mesure – avec humilité – des difficultés, des épreuves surmontées, de reconnaitre véritablement les forces déployées et de leur donner du sens. Une organisation doit conserver le souvenir de ses difficultés – tout en appréciant sa capacité à se relever et se développer. Les crises sont désormais perçues – si tant est qu’elles soient bien gérées et accompagnées – comme des leviers d’apprentissage permettant aux organisations de se réinventer et adapter leurs modes de fonctionnement. Contraintes à engendrer de la créativité, elles ne ressortiront ni plus fortes, ni plus fragiles – juste différentes.

Le cercle vertueux de la résilience organisationnelle : l’individu au cœur du réacteur.

Aussi, pour que la résilience organisationnelle s’exprime, la résilience individuelle doit être encouragée.
Elle prend d’ailleurs une place de plus en plus importante et est même exposée comme une valeur fondamentale inhérente aux nouvelles cultures de leadership et de management. Il devient essentiel de savoir gérer son énergie, animer un collectif et faire preuve d’agilité dans sa manière de travailler afin d’évoluer dans un environnement mouvant, incertain et complexe.

Face à cette incertitude, les individus, à la fois sachants et apprenants, doivent constamment se nourrir les uns les autres pour apprendre, s’adapter et rebondir… et c’est sûrement là le point le plus important. En effet, la résilience organisationnelle est avant tout le résultat de liens, de nouvelles capacités à travailler et à vivre ensemble qui se révèlent dans l’épreuve ou le choc. Ce sont ces liens qui permettent de réagir face à l’adversité. En développant de nouvelles synergies et manières de fonctionner, les organisations appréhendent l’intelligence collective, l’entraide et la solidarité comme des leviers indispensables pour renforcer ce fameux « ressort invisible », sortir des silos et des dynamiques de compétition. Le sens donné au collectif et à la capacité d’innovation des individus pour créer de nouveaux axes de développement est alors essentiel.

Nous avons donc besoin des autres pour réussir, et la résilience, c’est aussi apprendre à avoir besoin des autres. Les systèmes d’interdépendance et de transmission de plus en plus forts nourrissent inexorablement tous les aspects de la résilience. Transmettre, c’est donner, recevoir et rendre afin de développer une ingéniosité collective.

La coopération, levier de résilience !

La résilience organisationnelle est donc un processus d’anticipation et de résistance qui invite les organisations à changer de regard sur l’épreuve traversée ; à puiser leur force dans le collectif ; à se remettre en question et surtout, à encourager la coopération.

Charlotte Ringrave et Julien Ohana

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