Stefanie Reetz Audrey Hamelin Anaïs Koopman
Stefanie Reetz
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Audrey Hamelin
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Anaïs Koopman
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Les auteurs.es
11 février 2022
Temps de lecture : 5 min

Équilibre des temps de vie : comment reprendre le pouvoir sur son temps?

Trouvez-nous une seule personne à laquelle vous pensez qui semble avoir trouvé l’équilibre entre ses temps de vie, ou autrement dit, entre sa vie professionnelle et sa vie personnelle. Hum. C’est normal si la réponse ne vous vient pas là, maintenant, tout de suite : peut-être ne s’agit-il pas de “trouver” ce fameux équilibre comme s’il était un trésor mythique dont la quête pourrait aboutir uniquement si on suivait les bonnes instructions, mais plutôt de se saisir du pouvoir sur sa vie pour le construire.  Heureusement, nos coaches Stefanie Reetz et Audrey Hamelin sont là pour revenir sur l’origine du concept d’équilibre des temps de vie en France, les raisons pour lesquelles il est difficile aujourd’hui d’atteindre cet équilibre, et surtout pour vous guider et vous aider à agir en conséquence. Votre temps est précieux : vous pouvez reprendre le pouvoir dessus, alors n’hésitez plus !

L’équilibre des temps de vie, en théorie

En octobre 2013, l’Observatoire de l’Équilibre des Temps de Vie (OPE) et le Ministère des Droits des femmes lancent les 15 Engagements pour l’Équilibre des Temps de Vie, qui engagent 35 entreprises françaises dans ce sens. Ces engagements découlent d’une première charte datant de 2008 : La Charte de la Parentalité en Entreprise, rééditée le 6 octobre 2021, en présence d’Adrien Taquet, Secrétaire d’État chargé de l’Enfance et des Familles. Dans les deux cas, l’objectif de ces chartes est de faciliter l’équilibre vie professionnelle et vie personnelle des salariés, ou en d’autres mots, de trouver une harmonie entre travail et vie sociale, familiale et affective. Malheureusement, malgré de telles initiatives, beaucoup aspirent à cette idée, sans forcément y parvenir…

Dans les faits, un contexte sociétal et systémique

Il y a la théorie… et la pratique. Aujourd’hui, nombreux sont les obstacles à un réel équilibre des temps de vie. D’abord, nous vivons dans un monde en constante accélération numérique et technique. De ce fait, les canaux de communication se multiplient et les sollicitations avec. Difficile de réellement couper avec le travail lorsque les mails, Slack et autres applications génèrent des notifications. Difficile aussi, parfois, de faire abstraction des appels et autres Whatsapp de ses proches en pleine réunion. Ensuite, une impatience générale est palpable : tout va plus vite – qui aurait cru, qu’aujourd’hui, on pourrait se faire livrer un bouquin dans les 24h ? Alors beaucoup ont l’impression de courir sans arrêt après le temps. Ils essayent de tout combiner alors que parfois, combiner sa vie pro et sa vie perso équivaut à mêler les deux, sans toujours pouvoir faire autrement. Enfin, la propension du télétravail et du travail hybride augmentent à vue d’œil depuis le début de la pandémie en mars 2020 pour de nombreux métiers. Là où les lieux de travail se limitaient, il y a encore peu et pour la majorité des métiers, aux quatre murs d’un bureau, ils s’immiscent de plus en plus dans l’intimité physique des travailleurs avec en conséquence, une porosité des limites entre les sphères privées et les sphères professionnelles.

Des choses à mettre en place aux niveaux organisationnel et de l’équipe pour protéger l’équilibre des temps de vie

Véritable enjeu du dialogue social, il relève de la responsabilité des employeurs de veiller au respect du temps de travail et à l’adéquation entre charge de travail et ressources mises à disposition. Les mesures dans les organisations visant à favoriser l’équilibre des temps de vie sont nombreuses : face à ce qui fait aujourd’hui obstacle à l’équilibre, les managers ont notamment un vrai rôle à jouer, en faisant preuve d’une exemplarité certaine sur ce point. Cela passe notamment par le fait d’arrêter de laisser ses employés partir à des heures indues, de ne plus envoyer de mails le soir après une certaine heure ou le week-end… mais aussi par l’optimisation des réunions, en interdisant par exemple celles qui commencent après 17h30, avec une pensée pour les parents, notamment. 

Les équipes aussi peuvent agir sur le respect de l’équilibre des temps de vie en apprenant, de manière autonome, à organiser leur temps de travail de la façon la plus optimale possible. Pour ce faire, ils peuvent déléguer et éviter la réunionite aiguë ou encore les enchaînements de réunions sans se demander si elles sont vraiment toutes nécessaires. 

Les bonnes questions à se poser pour réorganiser son temps 

Les mesures précédemment citées peuvent certes être souvent efficaces, mais encore faut-il arriver à les mettre en place. Se décider à équilibrer ses temps de vie à un moment donné, lorsqu’on n’a jamais vraiment appris à faire la part des choses, ou lorsque les conditions de travail ne le permettent pas, n’est pas toujours évident. Alors pour éviter tout sentiment d’échec désagréable et contre-productif, autant se poser les bonnes questions pour gagner en souplesse et reprendre du pouvoir sur l’utilisation de son temps. Vous pouvez donc vous demander : 

  • Quel choix implicite ou inconscient est-ce que je fais en donnant autant de place au travail dans ma vie ? À noter que privilégier la vie professionnelle à un moment donné peut aussi être quelque chose de très positif, si on se sent investi d’une mission, tant qu’on le fait en conscience et qu’on l’assume.  
  • En revanche, si le temps que j’accorde à mon travail ne me convient pas, quel bénéfice secondaire est-ce que je tire du fait de continuer à le faire ? Serais-je en train d’éviter de faire des choses dont je ne souhaite pas m’occuper  (vie affective, sociale, familiale…)?
  • À quoi je ne renonce pas ? Qu’est-ce que je n’accepte pas ? On peut par exemple avoir du mal à accepter que l’on est parfois limité dans le temps, dans notre capacité physique, émotionnelle et/ou psychologique vis-à-vis de ce que l’on est à même de donner. 

Le fait de répondre à ces questions peut vous permettre de clarifier le sens que l’allocation de votre temps dans les différentes sphères de votre vie a pour vous, et de vérifier que la réalité que vous vivez est bien en adéquation avec ce sens. 

Cependant, si après réflexion vous réalisez que la distribution du temps dans les différentes sphères de votre vie ne vous convient pas, alors vous pouvez continuer à vous questionner : 

  • De quoi ai-je profondément envie et/ou besoin ? À quoi dis-je oui en renonçant à allouer du temps à des activités qui m’encombrent?
  • Que puis-je m’autoriser à modifier, enlever, ajouter, faire différemment, dire… et à qui ?
  • Quelles actions concrètes je décide de mettre en œuvre dès lors que cela relève de ma responsabilité directe ? Vous pouvez par exemple décider de ne plus prendre d’appels professionnels au-delà de 18h30, ne pas lire vos mails quand vous êtes en congés, ne pas accepter un énième projet de plus, etc.
  • Qu’est-ce que je décide de dire ? Vous pouvez notamment demander de l’aide, renégocier le périmètre de votre poste etc. 
  • Quelles ressources supplémentaires pourrais-je demander ? 

Cette réflexion représente un chemin personnel et intime pour chacun d’entre nous, ce sont des questions difficiles à se poser, et certains auront peut-être besoin d’un tiers – comme un·e coach·e, par exemple, pour les soutenir ou les guider dans ce cheminement. 

Bien évidemment, cet équilibre se construit de façon continue, pour évoluer avec les choix et les circonstances de votre vie ! C’est normal de tâtonner et de prendre du temps pour le construire, et pour ensuite le conserver. 

Stefanie Reetz, Audrey Hamelin, Anaïs Koopman

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