Marie Donzel
Marie Donzel
19 novembre 2020
Temps de lecture : 5 min

Petit lexique des acronymes du handicap

Vous connaissez peut-être PSH, PMR, éventuellement GIC ? Ce n’est que la partie visible de l’iceberg de la grammaire acronymique du handicap. DES handicaps, devrait-on dire, car s’il y a tant de sigles pour désigner « le » handicap, c’est d’abord parce qu’il est multiple. Nous vous proposons un bref décryptage de quelques-uns de ces mots du handicap qui, en quelques lettres, en disent long sur la diversité des situations… Et conséquemment sur l’exigence de diversification des modalités d’accueil, de prise en charge et d’inclusion.

 

PSH : Personne en situation de handicap

La notion remplace l’identification de personnes « handicapées » par la qualification de situations dans lesquelles une personne ne répond pas aux normes de « validité ». Le concept de PSH permet d’une part de ne pas essentialiser les individus porteurs d’un ou plusieurs handicaps ; d’autre part de ne pas considérer le handicap comme appartenant seulement à la personne mais d’en faire un enjeu situationnel, engageant le traitement réservé par la société aux personnes qui ne correspondent pas à la norme ; enfin, de faire valoir que le handicap n’est pas nécessairement un état permanent, mais peut toucher chacun·e d’entre nous, à un moment ou un autre de sa vie, de façon temporaire (une jambe cassée), plus durable (une patte folle suite à une opération de la jambe) ou définitive (une jambe n’ayant jamais marché ou ne pouvant pas récupérer sa mobilité après un accident ou une maladie).

GIC : Grand invalide civil

En face de la notion de Grand invalide de guerre (GIG) désignant les personnes qui portent des séquelles de blessures au combat, a été instauré le statut de Grand invalide civil pour accorder des droits similaires (places réservées dans les transports et dans les espaces de stationnement, priorité d’accès en certains lieux, fiscalité réduite…) aux personnes témoignant d’un taux d’incapacité d’au moins 80%, aux titulaires de pensions d’invalidité de catégorie 3 et aux bénéficiaires de l’allocation personnalisée d’autonomie (APA).

PMR : Personne à mobilité réduite

On parle de « personne à mobilité réduite » plutôt que de personne en fauteuil roulant pour inclure toutes les personnes en situation de handicap qui ne sont pas nécessairement assises mais connaissent les mêmes problématiques d’accès à divers lieux et services en raison d’une moindre mobilité que les « valides » : la personne équipée de béquilles ou d’un déambulateur, la personne en important surpoids etc.

SDP : Station debout pénible

Les personnes ayant un taux d’invalidité inférieur à 80% mais pour lesquelles se tenir debout plusieurs minutes d’affilée est douloureux, difficile ou excessivement fatiguant peuvent avoir accès à une « carte de priorité » ou une « carte de facilité » donnant accès à un certains nombres de droits dont bénéficient les GIC et les PMR. De nombreuses pathologies peuvent donner lieu à l’attribution de cette carte, parmi lesquelles certaines maladies chroniques ou longue durée.

IPP : Incapacité permanente partielle 

L’incapacité permanente partielle est un « poste de préjudice » :  elle permet de mesurer les conséquences d’un dommage en termes d’atteinte aux capacités physiologiques, de perte de qualité de vie, de perte de chances (de trouver un emploi, de se loger…). Le taux d’IPP est notamment exploité pour définir un niveau d’indemnisation suite à un accident.

IMC : Infirmité motrice cérébrale

L’infirmité motrice cérébrale, également appelée paralysie cérébrale, correspond à une lésion du cerveau survenue dans la période anténatale ou périnatale (avant la naissance, au moment de la naissance ou dans les premières semaines de la vie) qui entraîne un trouble moteur ou cognitif non évolutif. Les enfants atteints d’IMC peuvent bénéficier d’un accompagnement dédié pour leur scolarisation (aménagement des locaux, aide technique, soutien d’un Accompagnant d’Enfant en Situation de Handicap – AESH , aide technique…). Les adultes atteint d’une IMC doivent solliciter la RQTH pour bénéficier d’un accompagnement spécifique dans une organisation traditionnelle ou peuvent rejoindre le réseau des ESAT (voir plus bas).

TND : troubles du neuro-développement

Les TND regroupent l’ensemble des troubles caractérisés par une perturbation du développement cognitif, portant conséquences sur l’adaptation au milieu familial, scolaire, social et professionnel. Parmi les TND, on compte notamment les troubles du spectre autistique (TSA) autrefois appelés troubles envahissants du comportement (TED), les troubles spécifiques des apprentissages, l’hyperactivité…

Troubles DYS 

Dyslexie, dysorthographie, dyscalculie, dyspraxie, dysphasie etc. relèvent de ce que l’on appelle les troubles DYS, troubles cognitifs relatifs aux fonctions du langage et des fonctions visuo-spatiales, sans que ne soit constatée de déficience intellectuelle globale.

TOC : Trouble obsessionnel compulsif

Parmi les handicaps psychiques reconnus, l’un des plus médiatisés aux côtés des phobies, est le trouble obsessionnel compulsif (TOC). Autrefois appelé « névrose obsessionnelle », le TOC correspond à des idéations envahissantes (sentiment de salissure, peur de la contamination, crainte des incendies…) convainquant la personne atteinte de répéter des actes (nettoyages, rituels de vérification…) sans pour autant que cela n’apaise ses anxiétés.

NB : quoique ne faisant pas tous l’objet de sigles ou acronymes, les troubles psychiques constituent une grande partie du handicap. On peut citer la dépression résistante, l’anxiété généralisée, les troubles bipolaires et troubles cyclothymiques, la schizophrénie, les troubles du comportement alimentaire (anorexie, boulimie, sitiomanie, pica, orthorexie – parfois rassemblés sous l’acronyme TCA), les addictions, le TSPT…

TSPT : Trouble de Stress post-traumatique

Le trouble de stress post-traumatique recouvre un ensemble de manifestations somatiques et psychologiques consécutives à une situation où un individu a été atteint dans son intégrité physique et/ou psychique. Faisant souvent suite à une Réaction aiguë au stress (RAS), laquelle est temporaire, le TSPT peut entraver durablement les capacités d’insertion sociale de l’individu en se manifestant par exemple par une altération de la régulation des émotions, par des perturbations cognitives (amnésie, ralentissement de la pensée, perte de capacités d’interprétation des situations, atteinte aux fonctions du langage…), par des difficultés relationnelles, des syndromes d’anxiété généralisée…

RQTH : Reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé

Une personne qui fait face à la dégradation d’au moins une fonction physique, sensorielle, mentale ou psychique peut solliciter la reconnaissance de sa qualité de travailleur handicapé Cela lui permet d’accéder à des droits spécifiques en matière d’emploi et de conditions de travail. En tant que demandeur d’emploi, la RQTH permet de bénéficier d’un accompagnement expert par un réseau spécialisé pour trouver un emploi et pour négocier ses conditions de travail avec l’employeur. La qualité de RQTH du salarié permet ensuite à l’employeur de solliciter des aides publiques pour l’acquisition de matériel adapté, pour le financement de travaux ou d’équipement favorisant l’accessibilité des locaux. Elle donne aussi au salarié le droit à des aménagements des conditions de travail (horaires, obligations de présence…). Elle peut encore justifier l’obtention d’aides spécifiques pour les créateurs d’entreprise en situation de handicap

ESAT : Établissement de soutien et d’aide au travail

Autrefois appelés Centres d’Aide par le Travail (CAT), les ESAT accueillent les personnes de plus de 16 ans reconnues comme handicapées ou témoignant d’un handicap limitant manifestement leurs capacités d’insertion dans l’emploi ordinaire ni dans une entreprise adaptée. Les ESAT sont des établissements mixtes : une partie de leur activité relève de l’aide médico-sociale et l’autre partie de l’insertion professionnelle. Pour ce second volet, les ESAT proposent soit un travail en atelier intra-muros (dans les locaux de la structure), soit un placement dans une entreprise partenaire (sous forme de mission, d’interim ou de contrat de mise à disposition)

EA : Entreprise adaptée

Une entreprise adaptée est une entreprise qui emploie au moins 80% de personnes en situation de handicap. Les entreprises ayant obtenu ce statut peuvent proposer leurs services à d’autres entreprises qui souhaitent se mettre en conformité avec les obligations légales en matière d’emploi de personnes RQTH sans pour autant en compter 6% au moins  dans leurs effectifs. Le recours à des fournisseurs au statut EA leur permet en effet de combler partiellement ce déficit d’intégration de RQTH.

Marie Donzel

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